Le rendez-vous des experts - Intercontrat : comment transformer ces temps faibles en opportunité ?

L’intercontrat reste une réalité sensible pour la majorité des ESN et sociétés de conseil. C’est non seulement une période durant laquelle vous ne facturez pas la matière grise de votre consultant, mais il peut aussi devenir une période de démotivation pour votre collaborateur. Parfois vécu parfois comme un tabou, souvent comme un passage obligé, en particulier dans une période de ralentissement économique, l’intercontrat suscite encore beaucoup d’interrogations chez les dirigeants et managers.

C’est justement le sujet que nous avons abordé lors de l’épisode 8 du Rendez-vous des experts, en compagnie d’Elise FINALTERI, responsable RH au sein de la société Eleven Labs. On vous résume tout dans cet article.

Sondage

Avant de lancer les échanges, nous avons proposé aux participants un sondage pour comprendre comment l’intercontrat était considéré au sein de leur société :

• 51 % : Un temps que l’on essaie de valoriser (formations, projets internes…)
• 32 % : Un vrai point faible qu’on cherche à éviter au maximum
• 7 % : Nous n’en avons jamais pour le moment, mais on anticipe pour le futur
• 6 % : Une période encore taboue, mais dont on commence à parler
• 3 % : Déjà une opportunité structurée de développement pour nos collaborateurs

Transformer le regard sur l’intercontrat

La solution miracle pour supprimer les périodes d’intercontrat n’existe pas. En particulier quand une ESN recrute sur profil, comme c’est le cas chez Eleven Labs. Prendre en compte l’existence de périodes d’intercontrat longues, et réfléchir à comment l’exploiter pour en faire un bénéfice aussi bien pour les collaborateurs que pour l’entreprise : c’est ce qui a permis à Eleven Labs de transformer un coût en investissement sur la fidélisation des équipes et la performance de la société.

Au départ, l’intercontrat était traité de façon très individuelle, presque au cas par cas, en essayant simplement de trouver des solutions d’occupation une fois que les gens arrivaient en interne. On s’est dit qu’il fallait prendre le sujet à bras-le-corps et en faire un véritable sujet de fond.

Elise nous explique que son rôle de RH lui a permis d’identifier les grandes priorités de ce dispositif : en effet, chez Eleven Labs, le commercial est l’interlocuteur principal des consultants pour tous les sujets liés à une mission client ; toutefois, pour toutes les questions propres au parcours du collaborateur au sein de la société, c’est Elise qui prend le relai. Cela lui permet donc d’identifier les attentes des collaborateurs et de tester des solutions adéquates.

C’est ainsi que deux dispositifs ont été déployés : les projets internes et les projets associatifs.

Les projets internes, moteur d’engagement auprès des équipes

Lors de l’échange, Élise a partagé un exemple concret : en interne, certains managers n’avaient pas accès au planning sur Boond pour vérifier si un consultant est bien présent. Un consultant en intercontrat a donc été mobilisé pour mettre en place un système de notifications sur Slack alimenté par les données de Boond pour prévenir en temps réel les managers en cas d’absence d’un collaborateur.

Résultat : les équipes support gagnent en visibilité et en réactivité, et le consultant a pu résoudre une vraie problématique interne. Comme il n’est pas toujours évident de susciter l’engagement de collaborateurs souvent en mission chez les clients, ce type d’initiative permet à la fois de répondre à un besoin concret et de renforcer leur implication dans la vie de l’entreprise.

Ma casquette RH me permet d’avoir un regard à 360° sur les besoins internes et de proposer les bonnes compétences disponibles parmi nos ressources en intercontrat.

Elise souligne toutefois un point essentiel : pour que ces projets ne se transforment pas en « faux départs », il a fallu créer des process solides : cadrage du périmètre, suivi des avancées, et surtout documentation systématique. En effet, un collaborateur peut être amené à quitter rapidement le projet interne pour démarrer une nouvelle mission chez un client. Sans une transmission claire, l’effort réalisé peut facilement se perdre.

Les projets associatifs, pour s’inscrire dans une démarche RSE

Eleven Labs a aussi choisi de se positionner sur des projets associatifs. Qu’il s’agisse de mécénat de compétences, d’actions locales ou d’initiatives sociétales, ces expériences apportent une vraie valeur ajoutée, autant pour les collaborateurs que pour l’entreprise.

Pour que ce type de démarche fonctionne, il est recommandé de s’appuyer sur des partenaires spécialisés : ils aident à cadrer les missions, à identifier les bonnes associations et à comprendre les dispositifs fiscaux existants (notamment en matière d’impôts). Les partenaires Commet et Kolabee ont été mentionnés.

Ces projets offrent un double bénéfice :

• Côté collaborateurs : ils développent des soft skills précieuses (adaptabilité, communication, pédagogie), car les interlocuteurs rencontrés peuvent être très différents de ceux d’un projet client classique. Ces projets nourrissent aussi la quête de sens que recherchent aujourd’hui de nombreux talents.
• Côté entreprise : ils renforcent la marque employeur, en donnant une image engagée et responsable qui séduit à la fois les clients et les talents (démarche RSE).

Élise partage l’exemple d’un collaborateur en intercontrat chargé initialement de réaliser l’audit du site web d’une association. L’intercontrat s’étant prolongé, il a pu aller bien plus loin et conduire la refonte complète du site. Résultat : un consultant fier de sa contribution, valorisé par un projet concret et porteur de sens. Sans ce dispositif, le risque de démotivation, voire de départ, aurait été bien plus élevé … et coûteux !

Trouver le juste équilibre avec le business

Les règles sont très claires chez Eleven Labs : le client est prioritaire. Consultants, équipes support et partenaires sociaux, tout le monde est aligné. Le consultant peut à tout moment être mobilisé pour une nouvelle mission client. C’est pourquoi l’accent a été mis sur la documentation dans les process : le consultant a 48h pour documenter son avancement et gérer sa passation. Un process clair, pour reprendre son projet plus tard ou passer le relais sans rupture.

De la contrainte à l’opportunité

L’intercontrat ne disparaîtra pas. Mais il peut devenir une véritable zone d’innovation et de développement, à condition de le structurer, de l’accompagner humainement et de l’équilibrer avec les impératifs business.

Premiers résultats observés chez Eleven Labs : plus aucun départ en période d’intercontrat depuis la mise en place de ces dispositifs en 2023. Elise a mis en place des enquêtes de satisfaction auprès des collaborateurs concernés afin d’ajuster en continu ces actions.

En conclusion, plutôt que de considérer ces périodes comme un « temps mort », il s’agit d’y voir un investissement : dans les compétences, dans la marque employeur, et dans la capacité de l’entreprise à rebondir plus vite.

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Un immense merci à Elise FINALTERI pour son retour d'expérience !

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