Objets connectés : quelle place pour les petites et moyennes sociétés de conseil ?
Si les leaders internationaux se sont déjà lancés dans la course, les plus petites structures peuvent tirer leur épingle du jeu et profiter de l’engouement du marché très prometteur des objets connectés à certaines conditions.
objets connectés : un marché très prometteur pour les PME du conseil et d’ingénierie informatique
Le marché des objets connectés (Internet of things ou IOT en anglais) est intimement lié au Big Data et au Cloud. Nous en parlions dans une précédente lettre, les perspectives de croissance dans ces domaines sont généreusement à deux chiffres.
D’après une étude menée par A.T. Kerney pour l’Institut Montaigne, sont estimés à 15 Mds€ en 2020 (et 23 Mds€ en 2025) le marché d’achat d’équipements connectés et à 74 Mds€ en 2020 (3,6 % du PIB) et 138 Mds€ en 2025 (environ 7 % du PIB) le potentiel de création de valeur sur l’économie française de l’Internet des Objets.
C’est un marché qui concerne de nombreux secteurs d’activité : logement, mobilité et santé, mais aussi l’éducation ou l’action publique.
« L’ère de l’économie digitale industrielle dans laquelle nous entrons sera celle de l’hybridation, où chaque poste de l’industrie dite “traditionnelle” va se numériser et où chaque entreprise deviendra une entreprise innovante et numérique », affirme Guy Manou-Mani, Président du Syntec Numérique.
Et les objets connectés en font évidemment partie, avec par ailleurs des gains de productivité et de ressources à la clé très importants.
Dans ce marché très peu structuré, nombre de start-up et de PME se sont lancées et ébranlent le partage de la valeur entre acteurs traditionnels et nouveaux venus du secteur numérique. Et si les leaders mondiaux et européens du conseil et de l’ingénierie informatique sont déjà sur les rangs, les plus petites structures ont également toute leur place à certaines conditions.
Mener une veille active sur les nouveaux standards en matière d’ objets connectés
Comme cela est souvent le cas pour un nouveau marché, les acteurs ont souhaité se positionner tôt pour conquérir rapidement des parts de marché et imposer leur leadership technologique. Ceci s’est au fait au détriment de l’interopérabilité, chacun y allant de son framework propriétaire. Les objets connectés de marque différente ne communiquent pas ou mal entre eux.
La bataille fait rage entre les consortiums et alliances rassemblant des acteurs importants pour imposer un framework et des réseaux compatibles.
Mais si les futurs standards ne sont pas encore définis, il convient d’ores et déjà d’être en veille active pour sentir dans quelle direction le vent va tourner et être prêt le moment venu.
Se spécialiser dans un ou plusieurs domaines de l’Internet of Things
Face à des poids lourds, posséder un avantage concurrentiel pour une PME passe souvent par la spécialisation. Les sociétés de conseil et d’ingénierie informatique et les cabinets de conseil de taille modeste n’échappent pas à cette option stratégique. D’autant que l’on ne saurait résumer l’univers de l’Internet des objets à des bracelets, des balances ou des frigos connectés.
Source : Sopra Steria 2015
En examinant le schéma ci-contre, les domaines d’activités stratégiques relatifs aux objets connectés couvrent des champs très larges, allant notamment de l’architecture d’entreprise, à la valorisation de données, en passant par la sécurisation, le stockage et l’exploitation, sans compter évidemment les objets connectés à proprement parler.
Prenons un exemple : un des domaines prometteurs est celui de la sécurisation. Europol prédit une vague de cybercrimes par objets connectés et indique dans un rapport que « l’Internet des objets représente un nouveau vecteur d’attaque et tout ce que nous considérons comme criminels travaillent pour l’exploiter ». Il faut dire qu’aujourd’hui l’internet des objets est peu ou pas sécurisé. Les SSII et cabinets de conseils peuvent contribuer à lutter contre ce phénomène et ont intérêt à se positionner rapidement en apportant aux concepteurs des solutions et un accompagnement en matière d’authentification, de sécurité objet et de sécurité du réseau communiquant. D’autant qu’un des freins à l’adoption des objets connectés par le consommateur prend racine dans la méconnaissance de l’usage des données collectées, de la sécurisation de celles-ci et du respect de la vie privée.
Le moment d’entreprendre un diagnostic stratégique serait probablement opportun pour les SSII et cabinets de conseil qui désirent prendre le virage du numérique et des objets connectés et devenir ainsi de véritables ESN, pour reprendre l’idée maintes fois déjà évoquée par Guy Manou-Mani.
Pour conquérir le marché des objets connectés, apprendre à s’adresser à de nouveaux interlocuteurs
Avec l’industrie des objets connectés, comme dans de nombreux domaines touchés par la transformation numérique, les DSI en entreprise ne sont plus des cibles à privilégier. Les directions métiers sont les nouveaux interlocuteurs. Cette situation oblige les ESN à repenser leur organisation, leurs compétences et leur proposition de valeur au profit notamment de solutions davantage prêtes à l’emploi, et du conseil et de l’accompagnement.
Les ESN doivent donc identifier ces décideurs et s’adapter à une culture de vente et de service différente, tout en essayant de faciliter le dialogue entre les DSI et les directions métiers, et ainsi établir une organisation tripartite constructive.
Développer les relations de proximité avec les PME innovantes
En plus de la souplesse et de l’agilité, un des facteurs critiques de succès des structures modestes réside dans leur capacité à garder une proximité avec leur client.
Cette recherche constante de proximité doit s’accompagner de relations commerciales et de partenariat avec les PME innovantes qui entendent tirer profit du business des objets connectés.
Recruter des collaborateurs compétents dans le domaine des objets connectés
L’Internet des objets induit de nouveaux besoins en compétences difficiles à satisfaire dans un secteur qui souffre par ailleurs d’un chômage important.
Ce paradoxe vient d’une inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Pour schématiser et autrement dit, les informaticiens ayant aujourd’hui une quarantaine ou une cinquantaine d’années ne disposent généralement pas des compétences recherchées et ceux qui les possèdent sont encore peu nombreux sur le marché de l’emploi.
Pour répondre à ces besoins de compétences des métiers du Big Data et de l’Internet des objets, un rapport de l’Institut Montaigne d’avril 2015, exhorte à : « Organiser un programme de mentorat à échelle nationale pour stimuler l’intérêt des étudiants pour les matières scientifiques et techniques, et à renforcer la place des programmes de transformation digitale de l’entreprise dans la formation continue ».
En attendant que ces préconisations soient reprises et suivies d’effets, les ESN auront intérêt à courtiser les jeunes diplômés à la sortie des écoles, en jouant notamment la carte de l’entreprise à taille humaine respectueuse de ses collaborateurs, tisser des partenariats avec ces écoles, et former les collaborateurs de l’entreprise dans le cadre de la formation continue.
Initiative : Connaissez-vous la Cité de l’objet connecté ?
Opérationnelle depuis mai 2015, la Cité de l’objet connecté a pour vocation de « concentrer l’ensemble des compétences nécessaires à la conception de […] produits “intelligents” en matière d’électronique (Hardware et Software), de plasturgie, de mécanique ou de design et de les rendre accessibles à tout porteur de projet d’objet connecté ». La Cité de l’objet est une société privée qui compte 17 associés de renom. Ce campus de l’électronique à vocation internationale, installé à Angers, est un des projets choisis pour construire la Nouvelle France Industrielle